Eddington : Ari Aster tire à balles réelles
Dans un Nouveau-Mexique en proie au Covid, Ari Aster orchestre une fresque grinçante de l’Amérique contemporaine. Entre satire politique noire, humour absurde et virage inattendu vers le polar.
Comme partout, le Covid touche la population d’Eddington, au Nouveau-Mexique, révélant des comportements complotistes, comme celui du shérif de la ville, interprété par Joaquin Phoenix. Un type bien barré, par qui le chaos va arriver.
On le sait, Ari Aster n’est pas un réalisateur lambda. Il aime surprendre le spectateur, titiller sa sensibilité, sa réflexion et ses émotions d’une manière très particulière.
Dans ce film, qui pourrait s’apparenter à un « rural noir » en littérature, on plonge dans une Amérique malade, concentrant à peu près tous les maux de l’époque (cosmopolitisme, suprémacisme, racisme…), auxquels s’oppose, dans le film, le wokisme, notamment à travers des manifs de jeunes adultes… Le tout amplifié par des réseaux sociaux omniprésents.
Une jolie carte postale d’un pays où la nuance n’existe pas : soit tu es pour, soit tu es contre.
Même si l’on peut ressentir un certain trop-plein au bout d’un moment, le film vise juste. Sur un ton cynique, où l’humour est foncièrement noir et l’absurde côtoie le ridicule, il déroule une satire politique sombre mais efficace.
L’intérêt réside aussi dans le fait qu’il nous emmène là où on ne l’attend pas forcément : la dernière partie prend des allures de thriller ou de polar. Certes, on ne comprend pas tout ; il y a un côté franchement WTF, mais au moins, ça a le mérite de nous sortir de la léthargie qui avait peu à peu gagné la moitié du film.
❤❤❤
Eddington
Avec : Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone, Deirdre O’Connell, Austin Butler
Durée : 2h28
Date de sortie en salles : 16 juillet 2025