Interview : 5 questions à Odran Trümmel

Odran Trümmel fait de la chanson pas comme les autres. Ce musicien et chanteur compose depuis une vingtaine d’années dans un style pop plein de fantaisie. Rencontre à travers 5 questions et 5 réponses...

02-odran-trummel Interview : 5 questions à Odran Trümmel

Après avoir longtemps chanté en anglais, Odran Trümmel s’est mis à la chanson française, proposant sur son nouvel album, Plan​è​te Tue​-​Mouche, (réalisé en compagnie de Funken / Julien Senelas) des compositions poétiques et souvent assez sophistiquées entre pop psychédélique et Math rock, le tout dans un esprit plein de liberté et d’excentricité qui rappellera les artistes du label Le Saule (Antoine Loyer..)

1. Qui es-tu Odran Trümmel ?

Je suis un musicien, guitariste et batteur surtout, mais j'aime beaucoup chanter aussi. J'écris des chansons depuis bien 20 ans, j'ai vécu à droite à gauche avant de poser mes valises à Tours, d'où je suis originaire. Je suis plutôt joyeux et sensible, j'aime bien dire des conneries et boire du vin.

2. Quelles sont tes principales sources d’influences ?

Je suis touché à part égale par les mélodies limpides, les harmonies riches et les rythmes tendus, tout cela provenant de styles et d'époques diverses. Ce qui fait qu'on retrouve dans ma musique une espèce de cocktail de sonorités de folk, de pop, de post-punk, de math-rock mais aussi de bossa et jazz, dans des proportions variées selon les morceaux, sans une dominante évidente d'un style sur un autre.

On me dit souvent que mes morceaux sont très riches, sans doute trop pour certains, car l'harmonie, la mélodie et le rythme sont souvent au même niveau d'intensité : il y a donc pas mal de couches d'information, ainsi que des ruptures au sein même des titres. Je ne sais pas si c'est une bonne chose, mais c'est ma manière d'envisager la musique quand je l'écris, c'est très jouissif à faire. Ce mélange des genres dont je parlais peut évoquer chez certains un côté prog, qui pourtant n'est pas intentionnel.

Ce qui compte le plus pour moi, c'est de créer de la surprise, mais en la situant dans un environnement familier. Même si j'aime écouter des musiques hors norme, qu'on pourrait qualifier d'expérimentales, j'aime surtout triturer le format de la chanson pop et essayer modestement de créer en 4 minutes de guitare / basse / batterie quelque chose qui soit toujours un peu imprévisible. J'essaie d'insuffler un côté ludique, en essayant de ne pas tomber dans l'exercice de style.

Ce que j'aime par dessus tout, c'est l'absurde, voir parfois le grotesque, l'humour noir. J'adore les BD de Daniel Clowes, ou encore Jérôme Dubois, et musicalement, ça se traduit aussi par un goût pour la dissonance. Mais comme je suis aussi un peu fleur bleue et sentimental, ça ne ressort que par touche dans ma musique. Cette influence là est peut-être un peu plus évidente dans les paroles, qui prennent la forme de petites vignettes bizarroïdes, dont le sens est moins important que la musicalité et l'humour.

3. Comment composes-tu ta musique ?

Ma méthode principale pour composer de la musique est de prendre ma guitare folk et de jouer en fingerpicking pendant des heures, jusqu'à en faire ressortir des suites d'accords qui m'intriguent et me plaisent. Tout part d'un jeu brit-folk, qui est le fondement de la plupart des morceaux : Nick Drake, Bert Jansch. Mais la rythmique me vient quasiment en même temps et je commence par me chanter les parties de batterie, ce qui me détache de cette écriture folk pour envisager autre chose. Ensuite, c'est en marchant que me viennent les mélodies, et souvent les paroles. Je laisse macérer tout ça un moment avant de tenter d'enregistrer des premières démos. C'est la partie que je préfère, je crois. Faire le brouillon, travailler les arrangements en prenant le temps qu'il faut.

 

Sur Planète Tue-Mouche, j'ai aussi utilisé deux autres méthodes que je n'avais jamais testées. Je me suis enregistré en train d'improviser à la batterie, j'ai construit à partir de ces pistes le squelette d'un morceau pour lequel je n'avais pas la moindre note en tête. Ça a donné le premier titre de l'album (Hyperespace). Sur Mon Amitié, je suis partie de la mélodie de chant, ou plutôt du rythme haché qui le caractérise, qui m'est venu en marchant dans la rue. J'en ai fait ensuite une harmonie à trois voix, et à partir de là, j'ai composé le reste du titre à la mandoline.

Je pense qu'à l'avenir, je tenterais d'autres méthodes de ce type pour éviter de trop me répéter et de m'essouffler.

4. Quelles sont les musiques que tu écoutes en ce moment ?

Je suis assez difficile, peut-être même un peu fermé. J'essaie de lutter contre ça, pour ne pas tourner toujours autour des mêmes obsessions et de vieillir trop vite. J'y arrive encore à peu près, le monde est vaste.

Un groupe que j'ai découvert et qui correspond exactement aux sonorités qui me plaisent d'emblée, c'est Kamikaze Palm Tree. C'est à la croisée d'un truc barré, dissonant et bancal, et d'une pop directe, avec des formats courts. Cela se situe dans la lignée de Cate Le Bon et de Drinks, tout une clique qui me parle.

Sinon, je suis impressionné par Rozi Plain et la classe des arrangements de son dernier album. Je suis allé la voir en concert avec ma compagne, et c'était parfait. On avait acheté le vinyle, mais je l'ai oublié au Hasard Ludique comme un débile.

Rozi Plain – Prize

5. Quel est ton meilleur souvenir en matière de musique, cinéma et littérature ?

Musique :

j'ai envie de parler du concert de Claptrap que j'ai vu au Temps Machine à Joué-lès-Tours l'année dernière. C'est un groupe que j'apprécie, car le travail d'écriture et d'arrangement est dingue, et la retranscription sur scène m'a bluffé. C'est très fin, maitrisé et sans doute l'un des groupes dont je me sentirais le plus proche dans l'écriture. Je les ai vus pour mes 40 ans, mes amis avaient préparé une pinata pour l'occasion et c'était une belle manière de passer ce cap.

 

Cinéma :

Malheureusement, je ne vois plus tant de films que ça, je manque de liberté pour aller au ciné, alors que c'est un de mes grands plaisirs dans la vie. Si je dois parler d'un souvenir très marquant, j'irais plutôt du côté du cinéma d'horreur, qui est un fil rouge dans ma vie, avec mes frères. Par exemple, un film dont je peux faire quasiment les dialogues VF par cœur est Creepshow de Georges A Romero. Je devrais peut-être en faire une comédie musicale.

Littérature :

Dernièrement, j'ai adoré les trois romans de Nicolas Mathieu, que j'ai lus à la suite. Je trouve que c'est à la fois très fin sociologiquement, mais que la tension permanente sur les choix ou non choix des personnages est parfaitement maitrisé.

J'ai trouvé un rôle de figurant dans le roman "Connemara" de Nicolas Mathieu

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