"Anatomie d’une chute" de Justine Triet
Plutôt que de composer un film dans les codes du thriller classique, Justine Triet tisse un drame psychologique tout en maitrise et d'une grande intensité.
Le jury cannois ne s’est donc pas trompé en attribuant la Palme d’or à Justine Triet pour son 4e film, Anatomie d’une chute, qui marque un véritable tournant dans sa carrière, après trois films très différents les uns des autres et plutôt intéressants (La Bataille de Solferino, Victoria et Sibyl), mais pas aussi maîtrisés que ce dernier.
Au cœur de ce nouveau film réside la question de la culpabilité d’une femme que tout semble accuser : Sandra, a-t-elle tué son compagnon retrouvé mort au pied de leur maison ?
Durant 2h30, Justine Triet nous fait entrer pas à pas dans la vie de ce couple et de leur enfant très malvoyant, pour tenter de comprendre et d’imaginer ce qui a pu se passer.
Le film est divisé en deux parties, la première pose le décor, un chalet isolé, situé sur les hauteurs de Grenoble, à la période hivernale. Un lieu calme et paisible où va se dérouler un drame sans témoin.
La seconde partie est consacrée au procès, plus classique dans son déroulement, mais remarquablement mise en scène, mettant le spectateur dans quasiment dans les mêmes conditions que le public présent.
Durant 2h30, on est happé par cette histoire forcément fascinante, dans une construction habile et pleine de subtilités, Justine Triet ausculte sans manichéisme la vie de ce couple, de cette petite famille, sans jamais succomber aux codes du thriller classique. Car le film va bien au-delà du fait divers et de sa représentation, Justine Triet s’attachant sans cesse à faire vivre ses personnages, des êtres complexes, touchants, des accusés aux témoins, en passant par la présidente du tribunal, magnifiquement interprétée par Anne Rotger, magnifique de réalisme. Mais plus globalement, c’est tout le casting qui joue juste : Swann Arlaud, le jeune Milo Machado Graner, Jehnny Beth (parfaite dans la peau de la contrôleuse judiciaire), Antoine Reinartz (génial dans le rôle de l'avocat général), et bien sûr Sandra Hüller qui aurait mérité un Prix d’interprétation à Cannes.
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Anatomie d’une chute - Film de Justine Triet
Durée : 2h31 - le 23 août 2023 en salle