Sirāt de Óliver Laxe : des raves aux cauchemars

Errance dans le désert, transe électronique et paysages vertigineux... Óliver Laxe signe une expérience de cinéma à la fois envoûtante et périlleuse.

Ce film est une véritable expérience. Visuelle et sonore avant tout. Pendant près de deux heures, Óliver Laxe nous entraîne dans le désert marocain, au cœur d’un road-movie halluciné, entre errance humaine et quête intime.
On y suit Luis, père de famille (incarné par Sergi López) parti à la recherche de sa fille disparue depuis six mois. Accompagné de son gamin, il va suivre une équipe de teufeurs pour rejoindre une rave à l’autre bout du pays, lui avec son Espace Renault et eux avec leurs deux gros camions taillés pour les voyages longue distance et les conditions difficiles.

Le spectateur, tout comme les personnages vont perdre peu à peu leurs repères pour s’enfoncent dans un cauchemar à ciel ouvert, porté par la bande-son magnétique de Kangding Ray. Entre techno hypnotique, pulsations tribales et expérimentations sonores, la musique devient un personnage à part entière - récompensée à Cannes au même titre que le film, qui a décroché le Prix du Jury.

Ponctué de paysages et époustouflant, entre immensités désertiques, montagnes rocheuses et routes escarpées, le réalisateur espagnol nous donne avoir un film saisissant, avec des choix scénaristiques assez radicaux comme on en voit peu dans le cinéma d’aujourd’hui. Un film qui ferait presque passer Le salaire de la peur de Henri Georges Cluzot, pour une balade de retraités en camping-car au cœur de la Sologne.

On pourra reprocher au réalisateur de pousser parfois trop loin ces audaces, mais difficile de nier la puissance de Sirāt. Mais il faut reconnaître au film sa puissance, sa beauté formelle, la singularité de son sujet, et la manière tout aussi singulière de le traiter.

❤❤❤

Durée : 1h55mn
Date de sortie en salles : 10 septembre 2025