La Zone d’intérêt : le chef-d'œuvre de Jonathan Glazer ?

La Zone d’intérêt restera comme un des films les plus subtils pour évoquer le nazisme et les camps d'extermination. D'ores et déjà un de sommets de l'année 2024 en matière de cinéma.

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Le premier choc est d’abord auditif, puis ensuite visuel, pour se rendre compte au bout de quelques plans, que Jonathan Glazer est un grand cinéaste. Je gardais un peu de souvenirs de son film précédent, Under the Skin, qui m’avait laissé complètement indifférent. En revanche, je ne suis pas prêt d’oublier les 1h45 passées en compagnie de Rudolph et Hedwig Höss, de leur enfants, leur chien, leurs employés et leurs amis allant et venant dans leur vaste demeure de Auschwitz, attenante au camp d’extermination du même nom.

En quelques plans, le réalisateur nous installe dans un film dont on ne décrochera pas un seul instant durant 1h45. Un temps durant lequel on vivra dans l’intimité de la famille Höss, à suivre le quotidien de monsieur et de madame, lui passionné par son travail, tel le brillant responsable d’une succursale d’une grande entreprise de mort, elle, mère au foyer aux petits soins pour sa famille, ses fleurs, et profitant du statut de son mari pour embellir son quotidien, de petits bourgeois parvenus.

 

Le second choc, c’est cette capacité qu’a le film à ne jamais nous faire oublier la présence de la mort autour de cette maison, par les bruits, les plans furtifs sur les toits des bâtiments et par un tas de détails qui apparaissaient et disparaissent de l’écran au gré de la vie du couple : une jeune femme juive pour satisfaire les besoins de monsieur, un vieux juif pour nettoyer et cirer les bottes, un manteau de fourrure et un rouge à lèvres ayant appartenu à une femme juive, des cendres que l’on utilise pour fertiliser le jardin (on comprend alors pourquoi les fleurs sont si belles), ou encore des os flottants à la surface de la rivière alors que monsieur est à la pêche avec les enfants.

Et c’est là tout force de la mise en scène de Jonathan Glazer, dire sans monter, évoquer, suggérer la monstruosité de ces gens d’apparence ordinaires, en ne filmant que des choses banales ou presque.
Une mise en scène qui rappelle combien le sens de l’expression "la banalité du mal", fait sens comme jamais dans ce film ou tout parait normal, mais où rien ne l’est.

Un film troublant et fascinant, qui reste en vous longtemps après la projection. Du très grand cinéma, mesdames et messieurs !

❤❤❤❤

Durées : 1h46
Date de sortie en salles : 31 janvier 2024

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