Carlos, de Olivier Assayas

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Projeté dans une version de plus 5h30 à Cannes en mai 2010, diffusé ensuite sur Canal+ dans une série en trois volets, Le "Carlos" d’Oliver Assayas ("L'heure d'été") sortira au cinéma le 7 juillet dans une version raccourcie (2H45) dans laquelle le réalisateur revient sur la folle épopée d’un des plus dangereux et emblématiques terroristes du XXème siècle.

Critiqué par Carlos lui-même depuis sa prison française, qui dénonce un "travestissement de la vérité historique", le film raconte le parcours incroyable d’Ilich Ramirez Sanchez, vénézuélien de naissance qui, durant près de vingt ans fut l’un des terroristes les plus recherchés de la planète.
Entre 1974 et 1994, Carlos aura  traversé l’histoire arme au poing, marquant de son empreinte sanglante les différents endroits où il aura séjourné et agi au non de son engagement anti-impérialiste et de son attachement à la cause palestinienne.

Après une première partie assez décevante, trop rythmée à mon goût, presque "clippée", durant laquelle on fait en partie connaissance avec "le chacal" mais qui ne laisse pas le temps de s’attacher aux choses et aux personnages, Assayas pose enfin sa caméra pour deux autres parties passionnantes où l'on aura tout le temps, cette fois, de  s’attacher (à défaut de s’identifier) au personnage, avec notamment la prise d’otage des représentants de l’OPEP à Vienne, en 1975 ; ne longue séquence, pleine d’intensité, de tension, de peur parfaitement mise en scène par Assayas et qui reste un des moments forts du film/de la série.
De Londre à Khartoum, en passant par Vienne, Beyrouth, Budapest, Berlin-Est, Alger  ou Tripoli, c’est une véritable leçon de géopolitique des années 80/90 que nous offre le film, liant le périple de Carlos à l’évolution des rapports Est/Ouest et dont la chute correspond à peu près à celle du mur de Berlin. Passionnant.
De ses relations intimes avec ses comparses et notamment avec sa femme, l’allemande Magdalena Kopp (superbement interprétée par Nora Von Waldstätten), de son rapport à l’argent, de son égocentrisme, de son amour du luxe et des belles choses, de son machisme, Assayas ne nous épargne rien, faisant de cette "vedette" du terrorisme, un personnage ambigu et complexe mais tellement romanesque.
La troisième partie, qui coïncide aussi avec la fin de Carlos, montre un homme traqué de toute part, lâché par  les dictatures qui le protégeaient jusqu'àlors. Et à défaut de mourir sous les balles comme il l’envisageait, Carlos, seul et affaibli, se fait finalement arrêter en pyjama alors qu’il se fait soigner pour une maladie des testicules. Dur pour celui qui se vantait à une époque d’être "le maître du monde".
Globalement, si le film souffre d’un doublage catastrophique (refusez la VF !), le filmage d’Assayas, ses choix de mise en scène, la fluidité du récit font de ce biopic une assez belle réussite, une oeuvre passionnante au même titre que le "Mesrine" de Richet ou encore le "Che" de Soderbergh, et cela dans des styles à chaque fois très différents.

[8/10]

Carlos
Film français, allemand de Olivier Assayas
Genre : Biopic
Durée : 2H45min
Avec Édgar Ramírez, Alexander Scheer, Nora Von Waldstätten...
Date de sortie cinéma : 7 juillet 2010

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