Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier - Patrick Modiano

pour-que-tu-ne-te-perdes-front_cover Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier - Patrick ModianoLe nouveau roman de Patrick Modiano, "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier", aurait simplement du être "le dernier Modiano"... en attendant le suivant dans deux ans. Et puis est arrivé ce Prix Nobel de littérature 2014 qui a quelque peu modifié la donne et a exposé au monde l’œuvre du romancier français comme jamais auparavant.
On ne sait pas encore comment se situera ce roman dans la carrière littéraire déjà immense de Modiano, mais une chose est sûre, cette publication fera date car beaucoup de gens vont découvrir l'écrivain grâce à ce livre. Ce qui est un peu dommage car ce n’est sans doute pas celui qui caractérise le mieux le style de Modiano. Mais peu importe. La joie est trop grand pour faire la fine bouche... si peu de grands romanciers populaires on réussi à ce jour à obtenir ce prestigieux prix.
On le sait chez Modiano la mémoire fait souvent défaut, les souvenirs ne sont pas toujours très nets et il faut retourner parfois très loin dans le passé pour trouver les réponses aux questions posées dans ses récits. C’est donc encore une fois une plongée dans un passé flou que  nous propose l’auteur de "Dora Bruder". Dans "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier", il met en scène Jean Daragane, un vieil écrivain vivant seul dans le Paris d’aujourd’hui, qui va faire la connaissance d’un homme étrange désireux de lui rapporter un carnet d'adresses égaré. Ce que Jean Daragane ne sait pas encore c’est que cette rencontre va le conduire à faire des recherches sur son passé à cause d’un nom figurant dans le carnet d’adresse : Guy Torstel.
A partir de ce simple patronyme, le vieil écrivain va remonter le cours de sa vie, rappeler à sa mémoire d’autre noms (Chantal Grippay, Annie Astrand, Minou Drouet…), d’autres lieux (une maison à Saint-Leu-la-Forêt, le square du Graisivaudan…), d’autres époques (les années 50/60).
Les thèmes modianesques sont bien là : l’enfance, l’abandon, la solitude, l’oubli, le passé, la mémoire, des personnages obscurs, le côté enquête... Comme à chaque fois, Modiano construit son récit autour de ces leitmotivs sans changer grand chose. Pourtant, cette fois, "la petite musique" résonne ici de manière moins vive, moins limpide que d’habitude. Si son style, ses tournures, ses métaphores ou ses descriptions constituent toujours des moments de pur plaisir, l’histoire, avec ses allers et retours entre présent et passé, est peut-être moins captivante, moins bouleversante que d’autres écrites au cours de ces dernières années ("Dans le café de la jeunesse perdue", "Un pedigree"). Malgré tout, ce livre sera encore une fois l’occasion pour le lecteur, qu’il soit nouveau venu ou fidèle habitué, d’emboiter le pas de ce Monsieur Hulot de la littérature contemporaine et de plonger durant près de 150 pages dans un univers romanesque très personnel et à ce jour sans égal.

 [7/10]

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
Roman français de Patrick Modiano
Editeur : Gallimard
160 pages - 16,90€
Parution : 2 octobre 2014

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