"Yannick" de Quentin Dupieux : otages, Ô Désespoir....

Quentin Dupieux revient à quelque chose de plus classique (tout est relatif) avec Yannick, sans doute son film le plus "accessible" à ce jour.

yannick-photo "Yannick" de Quentin Dupieux : otages, Ô Désespoir....

© TELIER DE PRODUCTION/CHI-FOU-MI PRODUCTIONS/QUENTIN DUPIEUX 2022

Je commençais sérieusement à me lasser des films de Quentin Dupieux (Fumer fait tousser, Le daim, Madibules) quand est arrivé Yannick.
Et là, ô surprise : ici, point d'images en scope, surexposées, de filtres et de scénarios abstrait. Dupieux a décidé de mettre du bon vieux premier degré dans son cinéma, sans pour autant renier la dimension absurde qui a fait sa renommée depuis ses débuts.

Ici, il nous fait du théâtre filmé ou presque, mais à la sauce Dupieux, un peu comme c’était le cas dans le film Au poste. Un huis clos dans lequel trois acteurs bas de gamme (Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne) jouent une pièce de boulevard à deux balles, "le cocu" quand, soudain, les voilà interpelés par un spectateur mécontent du spectacle proposé. Le petit grain de sable (présent dans tous les films de Dupieux) va alors rendre l’histoire surréaliste.

Incarné par Raphael Quenard (qui tient là encore une fois un rôle sur-mesure), Yannick est un gars plein de bon sens, franc,  honnête, mais pas forcément très poli, et qui après avoir manifesté son mécontentement, puis raconter sa triste vie de gardien de parking, va vouloir (arme à la main) réécrire la pièce, suscitant le malaise et l’énervement du public et des comédiens (on se met à leur place), notamment celui incarné par Pio Marmaï, parfait dans son rôle.

Même si on est quelque peu désorienté au départ, finalement, on se prend au jeu, on se pose nous-même en spectateur de cette prise d’otages pas banale où les rôles vont finir par s’inverser, le statut de chacun vaciller, et les personnages révéler leurs faiblesses avec un final parfait, qui va questionner le spectateur.

Quentin Dupieux livre ainsi son meilleur film depuis longtemps, nous proposant une farce macabre et burlesque, où l'on s'interroge sur la finalité de l'art, et sa manière de l'appréhender, un film où l’on rit (jaune parfois) dans lequel on pourra trouver des influences du cinéma de Bertrand Blier, celui des débuts, période Buffet froid.

❤❤❤

Durée : 1h07 - en salles depuis le 2 août 2023

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