"Le nom sur le mur" d'Hervé Le Tellier : pour la mémoire d'un résistant
Hervé Le Tellier dresse le portrait du jeune résistant André Chaix abattu par les Allemands en 44, tout en observant le mal qui continue de gangréner notre époque actuelle.
Après son prix Goncourt reçu en 2020 pour l'Anomalie, Hervé Le Tellier revient dans la blanche de chez Gallimard avec un livre très différent de celui qui l’a fait connaître au grand public il y a quatre ans. À travers un texte relativement court (150 pages), il nous fait découvrir l’existence d’André Chaix, résistant, abattu à Grignan peu de temps avant la fin de la seconde guerre mondiale. Il n’avait que 20 ans.
Je n’avais pas l’ambition démesurée de te redonner vie, André. Tu auras à jamais 20 ans, 2 mois et 30 jours et c’est bien ainsi. Je me tenais tout à l’heure encore devant ces lettres gravées dans le crépi grège, et je crois que j’ai voulu donner du sens à mon regard pour pouvoir sourire toujours avec fraternité face à ton nom sur le mur.
Hervé Le Tellier nous raconte la vie de cet homme né le 23 mai 1924, dans un récit nourri par des témoignages, des infos trouvées notamment dans les archives de la Drôme ou par les lettres qu’il a adressées à ses proches. Des éléments permettant de dresser une biographie à peu près exacte de ce jeune homme que l’auteur imagine en famille, avec sa compagne ou son frère, dans son quotidien ou son engagement dans la résistance.
Ce portrait, c’est aussi l’occasion pour Hervé Le Tellier de nous rappeler les différents mouvements politiques et forces armées françaises, comme les FTP MOI (Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée), et l’influence qu’elles ont pu avoir sur la dernière année de guerre et dans l’après 39-45.
Ce livre, enfin, permet à Hervé Le Tellier d’évoquer son inquiétude face aux idées d’extrême droite, de plus en plus présentes au sein de la société, et des résurgences fascistes qui touchent l’Europe aujourd’hui.
Forcément, un texte qui prend un sens tout particulier en cette année 2024, très troublée, où, plus que jamais, les forces d’extrême droite sont aux portes du pouvoir, dans un pays qui a pourtant toujours entretenu une culture de la mémoire face aux idées nauséabondes.
L’année 2024 est celle du centenaire de la naissance d’André Chaix, et quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu’il va, je ne doute pas qu’il faille toujours parler de l’Occupation, de la collaboration et du fascisme, du racisme et du rejet de l’autre jusqu’à sa destruction.
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Le nom sur le mur, d’Hervé Le Tellier
Gallimard, 176 pages, 19,80 €
parution : 4 avril 2024