Boardwalk Empire, Saison 2 - La critique

BoardwalkEmpireSaison2 Boardwalk Empire, Saison 2 - La critique

La saison 1 fut une révélation en même temps qu’une conformation. La confirmation que les moyens et les ambitions pour une production télé pouvaient être les mêmes que pour une œuvre cinématographique en terme de casting, de réalisation ou de décors.
Dans le cas de "Boardwalk Empire" (série racontant la prohibition du côté d’Atlantic City dans les années 20), les producteurs n’ont jamais lésiné sur les moyens. Quand il s’agit de reconstituer une époque, on sait que HBO sait faire les choses bien et en grand. "Rome" et "Deadwood" en sont encore les meilleurs exemples à ce jour. Dans le cas de "Boardwalk Empire", il suffit de voir avec quelle précision et quel sens du détail ont été réalisé les décors, composé les intérieurs des appartements, dessinés les costumes. Et de ce point de vue, la série n’an rien à envier à Mad men.
Dans cette seconde saison, ce qui frappe tout particulièrement et qui déjà était bien en évidence dans la saison 1, c’est la grande mélancolie et la noirceur qui se dégage des personnages principaux. Pour la plupart truands, trafiquants, bandits et assassins, ils dégagent tous,  une profondeur d’âme, et une grande complexité mais aussi une grande noirceur qui s‘explique souvent par un passé encombrant et des démons pas encore chassés. La palme revenant sans doute au personnage de Jack Huston, un homme de main de Jimmy (Michael Pitt) rencontré par hasard dans un hôpital durant la saison 1. Ce jeune homme énigmatique à la voix cassée et à la face à demi-défigurée, recouverte par un masque, revenu choqué de la grande guerre, dégage une  grande mélancolie, et un tourment intérieur palpable à chacune de ses apparitions à l’écran. L’autre grand tourmenté de la série étant bien sûr ce flic puritain et schizophrène interprété par Michael Shannon encore une fois magistral dans l’incarnation de son personnage.
Et si la saison 1 mettait plus l’accent sur les enjeux politiques tout en plaçant progressivement tous ses pions sur l’échiquier du crime, la saison 2, elle, appuie plus sur les relations entre les personnages, donnant lieu à des confrontations épiques, à des scènes de duels assez magistrales (celle entre Nucky et son frère notamment) mettant en scène des acteurs au top niveau, ce qui, là encore, reste l’apanage des grandes séries.
Seul regret : l’utilisation exagérée des flash-backs dans la dernière partie. Un choix d’autant plus étrange qu’il n’apporte pas grand-chose en terme de récit mais en plus ça casse la fluidité de la narration, laissant le spectateur parfois paumé entre présent et passé… Mais pas de quoi pour autant gâcher notre plaisir et minimiser l’importance de cette brillante série qui restera comme une des grandes productions télé des années 2000.

[8.5/10]

Boardwalk Empire, saison 2
Série télévisée américaine créée par Martin Scorsese et Terence Winter
Casting : Enoch "Nucky" Thompson (Steve Buscemi), Jimmy Darmody (Michael Pitt), Margaret Schroeder (Kelly Macdonald), Agent Nelson Van Alden (Michael Shannon), Commodore Louis Kaestner (Dabney Coleman), Elias Thompson (Shea Whigham), Eddie Kessler (Anthony Laciura), Al Capone (Stephen Graham),
12 épisodes de 50'
Récompense du Golden Globe 2011 de la Meilleure série dramatique

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